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La Pensine de Valentine
23 septembre 2013

Lady Chatterley (DH Lawrence)

Plusieurs mois sans message, désolé, en ce moment, je suis surtout concentrée sur mon compte Babelio. Je reposte quelques critiques par ici.

Lecture fini samedi soir, je ne m'attendais vraiment pas à ça, je ne connaissais ce livre que par oui-dire, tout le monde s'accordant sur deux points :
1- Il faut le lire.
2- Ce livre appartient à la catégorie littérature érotique.

Si j'adhère au premier point, le deuxième est complétement bidon de mon oeil du 21ème siècle. Je comprend que le langage courant utilisé dans le texte puisse choqué le lectorat du début du 20ème siècle, mais je crois que le plus choquant était le couple allant au-delà des castes sociales. On est loin du Harlequin avec cette lecture.
Plus qu'un texte sur l'amour ou le sexe libre, j'y vois en priorité un texte politique et sociale : la classe ouvrière et l'aristocratie s'affronte dans ce roman.

Détaillons un peu. Lady Constance Chatterley se retrouve à la fin de la guerre dans la fleur de l'âge, pleine de vie et hélàs avec un mari estrophié ayant perdu l'usage du bas de son corps, ce qui signifie : pas de sexe et pas de bébé. Issu de la haute, isolée et entourée uniquement d'ouvrier, Lady Chatterley dépérit peu-à-peu jusqu'à ce que son mari l'autorise à avoir une relation extra-conjugale (même s'il n'imaginait pas qu'elle le prendrait au pied de la lettre). CC (Constance Chatterley) va alors jeter son dévolu sur le garde chasse du domaine et entamer une liaison qui ira rapidement au-delà de la simple union physique.

Jusqu'ici, on pourrait effectivement être dans le roman érotique. Mais le roman va bien au-delà de ce banal résumé. Tout le récit semble tourner autour de cette question : Une dame de la haute peut-elle être heureuse en vivant avec un ouvrier ? Et on ajoute tout un tas de variante à ce débat sans fin. C'est la grosse longueur du roman, l'absence d'évolution a pesé sur ma lectur me donnant parfois envie de sauter des pages, j'avais la sensation de lire continuellement le même chapitre (Gloire à Ducan qui fait enfin avancer le débat sur les 20 dernières pages).

Dans tous les cas de figure, on retrouve l'égoïsme masculin, son désir de domination sur la femme : Que ce soit Clifford, le mari estropié qui domine sa femme de ses exigences, de sa condescendance, ou Parkin qui cherche à la dominer en la transformant en "son épouse", obéissante au désir de son homme exclusivement. Dans tous les cas, on y voit des hommes cherchaient à étouffer les désirs de liberté ou plus simplement d'autonomie de la femme à cause de leur propre jalousie et sentiment d'insécurité.
En cela, le débat est déjà féministe.

Mais on retrouve également cette confrontation permanente des basses-classes et des hautes, chacunes "crachant" sur l'autre avec un sentiment de superiorité et surtout une incompréhension totale de l'autre être humain. Chaque classe campe sur son opinion, ses idées, toujours condescendant envers les mérites de l'autre classe. Ce qui ne fait qu'accuenter les différences, CC (dont le père est un artiste, alors ce n'est pas pareil... je déteste cette expression qui pue la condescendance) tente de naviguer entre les deux mondes affichant une affection pour les qualités des uns et des autres et un mépris pour leur défaut respectif : elle loue l'humanité et la passion qui anime les ouvriers d'un côté et l'éducation de la bourgeoisie.
On sent tout de même un partie pris de l'auteur pour la classe ouvrière et le socialisme, pour ne pas dire le communiste, Clifford se fait de plus en plus cruel au fil de texte, son humanité est progressivement effacé pour se concentrer sur la domination et l'appat du gain, alors qu'au contraire, les idées de la classe ouvrière prennent de plus en plus de place, le tout présenté sous un regard charitable. En écrivant que tout le monde est égaux, l'auteur sous-entend pour moi que toutes les richesses devraient être partagées et que les riches, ces poids morts de la société (Non, ce n'est pas un hasard si le corps de Clifford est à moitié mort), devraient travailler avec le même acharnement que les ouvriers.

Au final, je conseille cette lecture pour une analyse politique et économique des classes sociales du début du 20ème siècle, pas pour la lecture d'une histoire d'amour qui tourne en rond et qui m'a profondément ennuyé au delà des premiers émois.

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Commentaires
L
ca me semble pas mal du tout
La Pensine de Valentine
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