Un Coeur en bois, au coeur du bois, le bois de mon coeur.

J'avance, l'âme inerte parmi ces bois immobiles. Un silence m'envahit, il est bien assourdissant. Je regarde chacun de ces arbres. J'ai l'impression de les entendre.
Le pommier en fruit m'invite à la gourmandise, à m'en nourrir, il m'attire vers un lieu où je ne veux aller, irréstiblement, je m'avance, je lève la main pour attrapper ce fruit défendu.

Soudain je sais, j'apperçois le reste de la forêt, chaque arbre est une partie de mon coeur, chaque arbre est l'une de mes émotions, chaque arbre est MOI.
Je marche, surprise, choquée, blessée et j'observe ce saule pleureur, énorme, qui siège derrière une rangée de bosquet, à moitié caché par des lianes, ce jeune chène qui pousse, bien vivant, juste à côté de cette chène mort.

Je comprend, c'est moi qui est un coeur de bois, sans émotion, sans expression, sans mot. Alors aujourd'hui, au coeur de cette forêt, je promets de dire. Je plonge dans l'ivresse des sens, je me noie, j'ai peur, mais je ne fuis pas, j'exprime, j'écris.
Seule l'écriture nous (me) sauvera de la gueule de bois, de mon coeur de bois, de l'isolement de mon bois avant que je ne devienne ce pantin de bois de mon enfance. Je serais moi aussi en vie, dans la vie au milieu d'autres vies, le soleil viendra caresser mon visage, il percera le feuillage touffu de ma conscience, me réchauffera et éclairera mon chemin.

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C'était un petit texte inspiré par la consigne 46 de paroles plurielles.

Comments

[Valentine]

Oui, et ça fait toujours plaisir.

[Lutine]

Je t ai dit que j avais beaucoup aime !

[ZEL]

C'est joliment écrit. :)