Accepter que l'on vous vienne en aide
Tout comme Lutine, je suis victime d'une malédiction, mais la mienne perdure depuis quelques années : lorsque je m'apprête à retrouver des amis pour des vacances, du manière ou d'une autre, mes Bips me tomberont dessus. Et durant ce moment, je suis très faible (au mieux), très mal (au pire). Cette année, j'ai surtout été très faible (la forte dose de médoc m'ayant du moins éviter les crampes). Ce qui ne m'a pas empêché de faire faux-bons à mes camarades le temps d'une virée piscine (mieux vaut prévenir que guérir). Ce laps de temps solitaire m'a permis de me poser quelques questions sur moi-même, ma façon de réagir aux autres et surtout sur un point très précis : Ma façon de réagir face aux gestes de compassions, d'aide de mes amis dans ces moments où je ne suis pas bien.
Durant mon éducation, où je devais assumer les erreurs des autres et être adulte avant l'âge, on m'a indirectement appris que je ne devais pas être faible, c'est mal, être faible c'est alourdir le poids sur les épaules de ma mère, moi qui suit déjà une charge non-désirée, non-aimée, c'est l'encombrer un peu plus; être faible, c'est aussi souffrir face aux autres, c'est avoir une dette, c'est être une gêne.
Du coup, toute ma vie, même si j'aurai adoré être chouchouttée par quelqu'un d'aimant, j'ai toujours rejetté les gestes de mes amis, quand ils percevaient ma faiblesse. Si cela me touchait, cela me blessait également, parce que c'était m'être montrer faible, avoir échoué.
Aujourd'hui, j'essaye de prendre du recul, j'ai toujours du mal à accepter, les reflexes sont durs. Mais je réalise que ces faiblesses sont naturelles, surtout durant cette période pour une personne anémique. Je n'ai pas à avoir honte, alors j'en parle, sûrement trop, cherchant malgré tout à me justifier. Je ne sais pas comment le perçoive mes amis, j'espère juste qu'ils comprennent. En tout cas, je progresse, aujourd'hui, quand ils ont des petits gestes, je suis plus sincère, je n'essaye pas tout de suite de rejetter. Et surtout, je ne me sens pas coupables, juste navrée de ne pouvoir profiter du moment.